Lecture Orbs : Murals of Tibet, de Thomas Laird, un livre monument à découvrir chez Taschen Paris

C’est un projet démesuré et totalement fou. L’aboutissement de 10 ans de travail obstiné, de techniques photographiques dernier cri et de transhumance sur le toit du monde. Il, lui, c’est Thomas Laird, photographe et écrivain qui explore la culture du Tibet depuis 1972 et engagé depuis 2008 à garder la trace des plus anciens chefs-d’oeuvre de l’art tibétain : des fresques parfois millénaires mais photographiées taille réelle, à l’aide de la technique dite de « l’exposition multiple », technique numérique qui permet un éclairage uniforme de ces fresques saisies grandeur nature.

Le résultat de ce dévouement est un ouvrage spectaculaire et hors norme : Murals of Tibet. Une somme, un « sumo book » comme le qualifie l’éditeur Taschen qui sait imaginer et réaliser ce type de projet. Un livre d’images de 23 kilos et 498 pages qui, déployé, offre une surface d’un mètre de large pour 70 cm de hauteur. Chacun des 998 exemplaires de cette édition collector est signé par le 14e Dalai-Lama et vendu 10 000 € avec son lutrin réalisé en carton et plateau en bois conçu par l’architecte Shigeru Ban, lauréat du prix Pritzker et pionnier de l’hébergement d’urgence. Un ouvrage explicatif complémentaire de 528 pages revient sur les coulisses de cette aventure photographique exceptionnelle et aide le lecteur, à l’aide de textes et de légendes détaillées, a resituer ces œuvres dans la spiritualité du bouddhisme tibétain.

A LA CROISEE DU LIVRE SACRE ET DE L’HISTOIRE DE L’ART
Murals of Tibet est pensé comme un pélerinage, « un voyage géographique qui part de Drathang et passe par les principaux sites monastiques du centre et de l’ouest du Tibet, au-delà des reliefs sacrés du mont Kailash (…) ordonné selon un parcours qu’auraient pu emprunter des pèlerins ». La date de fondation de chaque temple et de chaque site religieux, des lieux majeurs tels que le Jockhang, qui contient la première image de Bouddha apportée au Tibet, le Palais du Potala, le Kumbum de Gyantse inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, ou encore le Monastère de Samyé, premier monastère bouddhique du Tibet édifié vers 779, est indiqué.
« L’art mural in situ du Tibet est considéré comme un enseignement spirituel direct et non comme une simple curiosité artistico-historique. Les fresques anciennes sont donc régulièrement restaurées pour assurer que le message que véhicule leur composition demeure visible des croyants » rappelle le dossier de presse du projet, qui précise qu’au Tibet, « les fresques couvrent souvent des murs entiers, mais il arrive qu’elles n’occupent qu’un modeste pan de mur dans une chapelle ». Ou dans une grange, comme le montre certaines images parmi celles présentes dans le livre explicatif contenant des textes les légendes détaillées.

UN CADEAU VISUEL POUR L’HUMANITE ET LES GENERATIONS FUTURES
Ce trésor patrimonial, archive visuelle d’un grand pan de la mémoire culturelle de l’humanité, est aussi un cadeau légué au regard des générations futures. L’éditeur en a d’ailleurs bien conscience. Soucieux de respecter cet ouvrage au message hors norme, Taschen a formé ses équipes aux lois du Karma et du Dharma, multiplié les rencontres avec les plus grands tibétologues, et invitant les visiteurs, dans ses boutiques où le livre est exposé sur son lutrin, à le toucher, tourner les pages et s’émerveiller de la vision de ces images uniques au monde, désireuse de partager avec le plus grand nombre un objet livre dont la possession est tout d’abord réservée aux plus fortunés.
J’ai pu ainsi, moi-même, faire l’expérience de feuilleter Murals of Tibet, contemplant ces trésors d’un autre âge et admirant le souci du détail de ces peintures sacrées, « tangka » dont les détails somptueux rejoignent la minutie de nos meilleurs enlumineurs. La puissance d’immersion de cette rencontre directe avec ces images jamais vues ou presque, constitue un voyage indicible et bouleversant. Vite, à votre tour maintenant, n’attendez plus pour vous laisser subjuguer par ce sublime « sumo » posé, ouvert, entre terre et ciel. Une expérience marquée d’une gratitude infinie.

Murals of Tibet, Thomas Laird, Editions Taschen, 498 pages
Visible à TASCHEN, 2 rue de Buci, 75006 Paris

« Alliance entre la technologie de la photographie contemporaine et les traditions millénaires, ce livre est à la fois une somptueuse œuvre d’art, un document qui fera date dans la compréhension du bouddhisme, un précieux monument élevé à la culture tibétaine et une source essentielle pour les sciences et les arts contemplatifs. » TASCHEN

Photos © Thomas Laird, 2018/TASCHEN, Murals of Tibet
Photo de Tenzin Gyatso 14e Dalai Lama, Mina Magda © TASCHEN

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